
Musée de Lodève du 12 juin au 14 novembre 2010
La part que va prendre l'École de Pont-Aven et le groupe des Nabis (Bonnard, Vuillard, Denis, Ibels, Vallotton, Ranson, Lacombe...), dans ce passage entre le XIXe et le XXe siècle, est, de ce point de vue,
déterminante. Le parcours de ces artistes est toutefois mal connu du grand public et certains d’entre eux - Georges Lacombe, Henri Gabriel Ibels et Ker-Xavier Roussel par exemple - sont même délaissés par l'histoire de l'art académique.
Il n'y a pas eu, en France, d'exposition des Nabis depuis le dernier hommage rendu à ce groupe, au Grand Palais, en 1993. Par ailleurs, les années de maturité des Nabis durant lesquelles ceux-ci réactivent avec brio la grande tradition classique, sont très rarement exposées.
Ainsi, le propos de cette exposition est de faire découvrir, ou redécouvrir, l’intérêt de ces périodes qui vont de Gauguin aux années 1930, au travers des sections suivantes :

Gauguin et l'Ecole de Pont-Aven
Les Nabis (1890-1900)
- L'héritage formel de Gauguin et de l'École de Pont-Aven (aplats de couleurs, japonisme).
La formule de Maurice Denis définissant la peinture comme « une succession de couleurs en un certain ordre assemblées » est devenue célèbre dès les années 1890 et ouvre la voie au Fauvisme comme à l'abstraction. Le regard que les Nabis portent par ailleurs sur les arts japonais leur suggère des formes en arabesques typiquement "Art Nouveau".
- Vers un art de la vie quotidienne
Le goût pour les arts décoratifs montre une volonté de décloisonner les arts appliqués et d'en renouveler le sens au tournant du siècle : c'est la volonté de ne pas hiérarchiser les arts entre eux, de faire pénétrer l'art dans la vie quotidienne, de relier l'artiste et l'artisan. C'est concevoir l'art comme une unité.
- Symbolisme, mythes, légendes.
Les Nabis sont les continuateurs audacieux de l'effort de Gauguin pour rénover l'art sacré. À rebours de l'Impressionnisme qui entreprend d'abolir le sujet au profit d'une exaltation de l'expérience rétinienne, Gauguin et les Nabis font de la peinture un lieu d'interrogation du sacré ; pour eux, le scientisme, le positivisme triomphant d'Auguste Comte en cette fin de XIXe siècle, sont impuissants à expliquer le monde et il est nécessaire de rechercher le sens de notre existence "au centre mystérieux de la pensée"
selon les termes mêmes d'Odilon Redon.
- Peinture et littérature, dialogues croisés.
Intéressés très tôt par la littérature (dès leur adolescence au Lycée Condorcet) les Nabis participent ensuite à l'aventure des théâtres d'avantgarde (décors de Vuillard, de Sérusier, de Denis, en liens avec des metteurs en scène très inventifs tels que Lugné-Poe ou André Antoine...). Des livres illustrés en témoignent dans l’exposition (Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, André Gide, Alfred Jarry), mais aussi des tableaux dont le sujet est issu d'œuvres littéraires.
Cette section est spécialement conçue en lien avec le festival de poésie "Les Voix de la Méditerranée » (organisé du 16 au 25 juillet). Elle donnera lieu à des animations spécifiques aussi bien dans le Musée (conférence) que dans le cadre du Festival (conférences, visites, ateliers).
- Vers un nouveau classicisme
Passées les années 1900, la peinture des Nabis trouve une seconde jeunesse non seulement en re-visitant la peinture classique, mais aussi en réutilisant les acquis techniques de l'impressionnisme ; tandis que Maurice Denis affirme son goût pour l'art classique dont il va chercher les exemples en Italie, Vuillard et Bonnard digèrent, en une lente maturation, l'analyse rétinienne de l'Impressionnisme. Les vues de lieux célèbres (le Colisée, le Christ de Fra Angelico peints par Denis) sont, dans cette section, placés en regard de réinterprétations plus libres des grands modèles classiques.

Sont notamment représentés dans l’exposition :
RIPPL-RONAI, KER-XAVIER, ROUSSEL, SÉRUSIER, TOULOUSE-LAUTREC, VALLOTTON, VERKADE, VUILLARD...
L’exposition rassemble cent vingt œuvres, essentiellement toiles mais aussi sculptures et dessins. La majorité provient du Musée - Jardin Maurice Denis et, pour près d’un tiers, de collections privées.
Un nombre conséquent d’entre-elles sont totalement inédites ou rarement montrées, telles, de Bonnard, Paravent aux lapins (c. 1902, Musée - Jardin Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye) ou d’Arnaud Seguin, Nu de la Comtesse d’Hauteroche (1896, collection particulière).
Parmi les oeuvres exposées, on peut aussi citer, notamment : Gauguin, La fille du Patron (1886, Musée - Jardin Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye) ; Bonnard, Vue du port de Saint-Tropez (c.1911, Collection particulière, Courtesy Galerie Jean-François Cazeau, Paris, France) ; et un ensemble de
sculptures en bronze de Gauguin et Georges Lacombe.
L’exposition, sur le principe de collaborations entre musées, est organisée par le Musée de Lodève, en partenariat avec le Musée - Jardin Maurice Denis (Saint-Germain-en-Laye). Le commissariat est assuré par Frédéric Bigo, directeur délégué du Musée – Jardin Maurice Denis, et Gilles Genty,
historien de l’art, spécialiste des Nabis. Elle est accompagnée d’un catalogue scientifique qui réunit des essais synthétiques et analytiques de plusieurs auteurs, (Frédéric Bigo, Marie El Caïdi, Gilles Genty, Frédéric Miota).
Elle a reçu le soutien du Ministère de la Culture - Direction régionale des affaires culturelles Languedoc-Roussillon, de la Région Languedoc- Roussillon, du Conseil général de l’Hérault, le mécénat du CIC et le
partenariat du Midi Libre .
« DE GAUGUIN AUX NABIS"
- Le droit de tout oser -
12 juin – 14 novembre 2010
Musée de Lodève. Square Georges Auric, 34700 Lodève
Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 10h à 18h. Nocturnes le mardi, en juillet-août
Tel : 04 67 88 86 10 Fax : 04 67 44 48 33
Entrée 7€, tarif réduit 5€50 (étudiants, groupes et Perles vertes ), 1€ la visite commentée
www.lodevoisetlarzac.fr
Pour consulter une sélection des œuvres présentées, cliquez ICI