Parmi les tous premiers travaux indépendants du peintre Domenico Zampieri, dit le Dominiquin (Bologne 1581-Naples 1641), alors qu’il avait été appelé à Rome par l’illustre Annibal Carrache (qui, avec son frère, réalisa la fameuse Galerie des Carrache, restaurée en 2015, où se trouve d’ailleurs un tableau du Dominiquin : La Vierge à la Licorne) Apollon et Hyacinthe est l’une des trois fresques réalisées à l’origine pour orner la voûte de la loggia du Casino de la mort (*1). Les trois peintures– les deux autres étant la Mort d’Adonis et Narcisse observant son reflet dans l’eau – furent décrochées de leur emplacement d’origine en 1817 par le restaurateur Pietro Palmaroli.
L’ICR opère une véritable ‘’métamorphose’’ de ces fresques
Exécutées par le peintre bolognais entre 1603 et 1604, les fresques représentent trois personnages de la mythologie grecque, dont la mort violente constitue le prélude d’une métamorphose végétale et de la naissance d’une nouvelle fleur. La Mort d’Adonis était représentée sur la voûte du portique faisant face aux jardins donnant vers le fleuve, Apollon et Hyacinthe ornait la voûte de la pièce se trouvant sur la droite alors que Narcisse, réalisée en dernier vers la fin de 1603, ornait la voûte de la salle de gauche.
Les trois œuvres ont depuis été déplacées au Palais Farnèse. La fresque Apollon et Hyacinthe, détachée du mur hier, a donc été prise en charge par l’ICR dans le cadre de sa collaboration avec l’Ambassade de France, en accord avec la Surintendance Archéologique, des Beaux-Arts et des Paysages de Rome, afin d’être restaurée (*2) avant de retourner au Palais Farnèse.
Une coopération d’excellence entre la France et l’Italie pour la préservation du Patrimoine
L’Ambassadeur Christian Masset a tenu à souligner ‘’l’importance de la coopération de ces deux institutions - l’Institut pour la Restauration et la Surintendance, avec l’Ambassade, notamment à l’occasion du remarquable travail de restauration des trois œuvres du Dominiquin, pilier incontournable de la peinture bolognaise du XVII° siècle, admiré dans le monde entier’’ et combien ‘’la protection de notre patrimoine est une question sur laquelle la France et l’Italie travaillent de concert’’.
La directrice de l’ICR, Alessandra Marino, explique que ‘’c’est avec une grande satisfaction, grâce à la collaboration fructueuse et solide avec l’Ambassade de France, que nous apporterons tout notre soin à la troisième et dernière fresque du Dominiquin datant du début de son illustre carrière. L’ICR, qui finance la totalité de cette campagne de restauration, étudiera l’œuvre à l’aune des travaux déjà réalisés auparavant, et mènera les opérations dans le laboratoire situé dans l’ancienne église Sainte-Marthe, place du Collège romain.’’.
En 2019, à l’occasion du retour au Palais Farnèse du Narcisse, une rencontre autour des relations entre restauration, recherche et musées en France et en Italie, avait été organisée.
Le Palais Farnèse, ‘’ouvert pour travaux’’
La France prend soin du Palais Farnèse. Les nombreuses activités culturelles organisées autour de la campagne de restauration des façades latérales et du toit de l’emblématique palais de la Renaissance, aujourd’hui siège de l’Ambassade de France à Rome, lancée l’année dernière, se poursuivront. Des travaux de réparation ponctuelle des carreaux de terre cuite du premier étage sont par ailleurs en cours. A cette occasion, les lits de poses des carreaux ont fait apparaitre le timbre du fabricant et la date de fabrication : 1845, qui correspond à la période de restauration du palais sous la conduite de l’architecte Cipolla. Le 14 avril prochain, c’est le travail de conservation se proposant de rendre toute sa splendeur à la Cheminée monumentale et aux deux statues qui l’encadrent, allégories des vertus de l’Abondance et de la Charité, présentes dans le Salon d’Hercule, qui débutera grâce à Palazzetti Spa et à Fondaco Italia.
*1. Le Casino de la mort était un petit édifice commissionné par le cardinal Odoardo Farnese pour en faire sa dépendance intime et en retrait du grandiose palais familial. Situé sur la proche rive du Tibre, il est ainsi nommé car il est attenant à l’église de Sainte-Marie de l’Oraison et de la Mort, le Casino donnait sur un luxuriant jardin surplombant le fleuve et était accessible directement depuis le palais principal à travers l’arche enjambant aujourd’hui encore la via Giulia.
*2. La peinture murale fera l’objet d’une étude préliminaire de son état de conservation et des précédentes interventions de restauration de l’œuvre, grâce à un premier examen à l’œil nu mais aussi à l’aide d’un travail d’imagerie macro et microscopique, d’examens multi-spectraux ainsi que de micro-prélèvements en vue d’analyses chimiques et minéralogiques. Les résultats de cette expertise orienteront le choix des protocoles opérationnels et les interventions qui seront mises en œuvre pour la restauration et la conservation de l’œuvre, à travers des phases de nettoyage, le rétablissement de l’adhésion et de la cohésion de la couche de peinture ainsi que des couches préparatoires, la reprise du support, le jointoiement des lacunes à l’aide de plâtre et l’amélioration esthétique finale.